La poesía es la única compañera. Acostúmbrate a sus cuchillos que es la única (Raúl Gómez Jattin)

17 septiembre 2013

Pequeñas lecciones de erotismo - Gioconda Belli (1948, Nicaragua) - Petites leçons d'érotisme

Affirmer la tête haute "je suis femme" constituait une première subversion, avons-nous dit ; on imagine dès lors la rupture d’avec un ordre moral que put représenter un non moins assertif "je jouis". Si l’on est par le corps, et Gioconda Belli par son corps de femme, c’est au travers du désir et du plaisir érotiques que cette dernière se révèle, l’être-femme se fondant dans l’être de désir. 
Como ya se dijo, afirmar con la cabeza bien en alto "soy mujer" constituyó una primera rebelión; es posible entonces imaginar la ruptura con el orden moral que representó un no menos asertivo "y lo disfruto".  Si bien se trata del cuerpo, y en el caso de Gioconda Belli de su cuerpo de mujer, es a través del deseo y del placer eróticos que esta última se revela, el ser-mujer fundido en el ser-deseo. 
(Besse, Nathalie., 2012, "Rupture et revendication d'être dans la poésie de Gioconda Belli" in Babel, n°26, pp. 281-297, (en ligne: http://babel.revues.org/2592 consultado en agosto del 2013)

"el cuerpo se politiza, se vuelve cívico… Podríamos decir que esa politización pletórica del cuerpo ha revertido en una erotización de la política. Nada extraño : el Eros ha devenido en insurrección... el amor como superación de la soledad individual y como expresión de solidaridad. Amar es solidarizarse. Hacer el amor es hacer la Revolución".  
Le corps se politise, acquiert une qualité citoyenne... l'on pourrait dire que cette politisation à part entière du corps s'est transformée en une érotisation du politique. Rien d'étrange: Éros reconverti en insurrection... l'amour comme une façon de vaincre la solitude individuelle et comme une expression de solidarité. Aimer c'est se solidariser. Faire l'amour c'est faire la Révolution" 

(Urtecho, Álvaro., 1983, "El humanismo erótico de Gioconda Belli", in Ventana, 104, vol. III)
   
   

Jan Saudek (Checoslovaquia) - Michael Dahlquist Memorial Collection
I
Recorrer un cuerpo en su extensión de vela es dar la vuelta al mundo. Atravesar sin brújula la rosa de los vientos islas golfos penínsulas diques de aguas embravecidas no es tarea fácil -si placentera-. No creas hacerlo en un día o noche de sábanas explayadas. Hay secretos en los poros para llenar muchas lunas.

Parcourir un corps déployé tel une voile équivaut à faire le tour du monde. Traverser sans boussole la rose des vents, les îles, les golfes, les péninsules, les barrages aux eaux déchaînées c'est ne pas une tâche aisée - si plaisante soit elle -. Ne crois pas pouvoir l'accomplir en un jour ou en une nuit de draps étendus. Il y a suffisamment des secrets dans les pores pour remplir bien des lunes.

II
El cuerpo es carta astral en lenguaje cifrado. Encuentras un astro y quizá deberás empezar a corregir el rumbo cuando nube huracán o aullido profundo te pongan estremecimientos. Cuenco de la mano que no sospechaste.

Le corps est une carte du ciel en langage crypté. Tu trouves un astre et tu devras peut être commencer à corriger le cap lorsqu'un nuage, un ouragan ou un hurlement profond te provoqueront des frissons. La main creuse que tu ne soupçonnais pas.

III
Repasa muchas veces una extensión. Encuentra el lago de los nenúfares. Acaricia con tu ancla el centro del lirio. Sumérgete ahógate distiéndete. No te niegues el olor la sal el azúcar. Los vientos profundos cúmulos nimbus de los pulmones niebla en el cerebro temblor de las piernas maremoto adormecido de los besos.

Étudie plusieurs fois cette extension. Trouve le lac des nénuphars. Caresse avec ton ancre le centre du lys. Submerge toi, noie toi, détends toi. Ne te prives pas de l'odeur, du sel, du sucre, des vents profonds, de cumules nimbus des poumons, du brouillard dans le cerveau, du tressaillement des jambes, du tsunami assoupi des baisers.

IV
Instálate en el humus sin miedo al desgaste, sin prisa. No quieras alcanzar la cima. Retrasa la puerta del paraíso. Acuna tu ángel caído revuélvele la espesa cabellera con la espada de fuego usurpada. Muerde la manzana.

Installe toi dans le humus sans craindre l'usure, sans hâte. Ne cherche pas à atteindre le sommet. Diffère l'entrée au paradis. Berce ton ange déchu, emmêle lui les cheveux épais avec une épée de feu usurpée. Croque la pomme.

V
Huele. Duele. Intercambia miradas saliva impregnante. Da vueltas imprime sollozos piel que se escurre. Pie hallazgo al final de la pierna. Persíguelo busca secreto del paso forma del talón Arco del andar bahías formando arqueado caminar Gústalos.

Hume. Souffre. Échange des regards, de la salive mouillante. Tourne en rond, imprime des sanglots, peau qui s'échappe. Pied, trouvaille à la fin de la jambe. Poursuit-le. Cherche le secret du pas, la forme du talon, l'arc de la marche, les baies formant le cheminement arqué. Déguste-les.

VI
Escucha caracola del oído como gime la humedad. Lóbulo que se acerca al labio sonido de la respiración. Poros que se alzan formando diminutas montañas. Sensación estremecida de piel insurrecta al tacto. Suave puente nuca desciende al mar pecho. Marea del corazón susúrrale. Encuentra la gruta del agua.

Écoute dans la conque de l'oreille l'humidité qui gémit. Lobe qui s'approche de la lèvre, sonorité de la respiration. Des pores qui se soulèvent formant des montagnes minuscules. Sensation tressaillante de peau s'insurgeant au toucher. Suave pont nuque ne descendant jamais à la mer poitrine. Marée du cœur, chuchote lui. Trouve la grotte de l'eau.

VII
Traspasa la tierra del fuego la buena esperanza Navega loco en la juntura de los océanos Cruza las algas, ármate de corales ulula gime. Emerge con la rama de olivo. Llora socavando ternuras ocultas. Desnuda miradas de asombro. Despeña el sextante desde lo alto de la pestaña. Arquea las cejas abre ventanas de la nariz.

Traverse la terre de feu, le cap de Buena Esperanza. Navigue, fou, sur la jonction des océans. Croise le fer avec les algues, arme toi de coraux, ulule, gémis. Émerge avec le rameaux d'oliviers. Pleurs en déterrant des tendresses cachées. Dénude des regards de surprise. Plonge le sextant depuis la hauteur du cil. Fronce les sourcils, dilate les narines.

VIII
Aspira suspira Muérete un poco Dulce lentamente muérete. Agoniza contra la pupila extiende el goce. Dobla el mástil hincha las velas. Navega dobla hacia Venus estrella de la mañana-el mar como un vasto cristal azogado-.
Duérmete náufrago.

Aspire, soupire. Meurs un peu. Doucement, lentement, meurs. Souffre ton agonie collé contre la pupille, prolonge la jouissance. Plie le mât, gonfle les voiles. Navigue, change le cap vers Vénus, étoile du matin - la mer comme un vaste cristal étamé-.
Dors, naufragé.