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Ilustración de Milo Manara para una novela gráfica de Hugo Pratt |
Contra mis cinco sentíos, tus cinco toritos negros: torito negro tus ojos, torito negro tu pelo, torito negro tu boca, torito negro tu beso, y el más negro de los cinco tu cuerpo, torito negro. Barreras puse a mis ojos, tus ojos me las rompieron. Barreras puse a mi boca, tu boca las hizo leño. Puse mi beso en barreras, tu beso las prendió fuego. Barreras puse a mis manos, las hizo sombra tu pelo. y puse barreras duras de zarzamora a mi cuerpo, y saltó sobre las zarzas el tuyo, torito negro. ¡Deja, que no quiero verte! ¡Déjame, que no te quiero! Y luego monté mis ojos sobre un caballo de miedo; tus ojos me perseguían como dos toritos negros. y luego metí mis manos bajo un embozo de fuego; ...tu pelo se me enredaba igual que un torito negro. y luego junté mi boca' contra la cal de mi encierro; ...tu boca estaba acechando igual que un torito negro. y luego mordí mi almohada para contener mi beso; tu beso me corneaba igual que un torito negro. y luego arañé mi carne, de tentación y deseo, para que no gritara que yo te estaba queriendo; y tu cuerpo encandilado mimbre, luna, bronce y fuego se me plantó ante mis ojos igual que un torito negro. ¡Deja, que no quiero verte! ¡Déjame, que no te quiero! El aire del cuarto estaba temblando con tu recuerdo. Cien caballos en mis venas, al galope por mi cuerpo; y yo, jinete sin rienda, luchando por contenerlos. Cien herreros en mi boca, trabajando con mis besos, y yo queriendo ser fragua para poder deshacerlos. Cien voces en mi garganta gritándome que te quiero, y yo, ¡mentira infinita!, gritando que no te quiero. Salí a por aire al balcón... me tropecé con el cielo; aquel cielo quieto y hondo, verde, blanco, azul y negro, igual que el de aquella noche de nuestro primer encuentro, en que me hirieron al paso tus cinco toritos negros. Y me acordé de aquel aire que jugaba con tu pelo como un niño a quien le gustan los caracolillos negros. Y me acordé de aquel rayo de luna, fino y torero, que puso dos banderillas de luz en tus ojos negros. Y de aquel dolor de labios que nos quedó de aquel beso, y de aquel dolor de brazos, y de aquel dolor de huesos y de aquella caracola de amor, que quedó por dentro con un mar de amor dormido; "¡que te quiero!, ¡que te quiero!" y se me escapó la voz... grité: " ¡Te quiero!, ¡te quiero!" Y ya no junté mi boca contra la cal de mi encierro, y ya no mordí mi almohada para contener mi beso, y ya no arañé mi carne de tentación y deseo. Pegué mi boca a tu boca, junté mi beso a tu beso, y otra vez aquel dolor de cintura, brazo y huesos... pensando en aquella noche de nuestro primer encuentro. ¡Te quise siempre! ¡Te quise! ¡Te quiero siempre! ¡Te quiero! Aunque no puedo quererte, ¡te quiero!. Aunque no debo quererte, ¡te quiero! Aunque en cunas de tu casa se está meciendo un almendro ¡te quiero! Aunque yo tengo dos lirios que se me cuelgan del cuello, ¡te quiero! y aunque ponga mis barreras de zarzamora y sarmiento para que nunca la salten tus cinco toritos negros: torito negro tus ojos, torito negro tu pelo, torito negro tu boca, torito negro tu beso, y el más negro de los cinco tu cuerpo, torito negro. ¡Te quise siempre! ¡Te quise! ¡Te quiero siempre! ¡Te quiero! |
Contre mes cinq sens se battent tes cinq petits taureaux noirs: petit taureau noir tes yeux, petit taureau noir tes cheveux, petit taureau noir ta bouche, petit taureau noir ton baiser, et le plus noir des cinq ton corps, petit taureau noir. J'ai mis des barrières à mes yeux, tes yeux les ont démolit. J'ai mis des barrières à ma bouche, ta bouche les a réduit en morceaux. J'ai mis des barrières à mes baisers, tes baisers les ont brûlé. J'ai mis des barrières à mes mains, tes cheveux en ont fait des ombres. et j'ai mis des dures barrières de mûrier à mon corps, et par dessus a sauté le tien, petit taureau noir. Arrête, je ne veux pas te voir! Pars, je ne t'aime pas! Alors j'ai monté mes yeux sur un cheval de peur; tes yeux m'ont poursuivi tel deux petits taureaux noirs. alors j'ai mis mes mains sous un masque de feu; ... tes cheveux s'y emmêlaient tel un petit taureau noir. j'ai alors collé ma bouche à la chaux de ma prison; ...ta bouche y guettait tel un petit taureau noir. j'ai alors mordu l'oreiller pour retenir mon baiser; ton baiser donnait des coups de corne tel un petit taureau noir. J'ai alors griffé ma chair, de tentation et désir, pour l'empêcher de crier que je t'aimais; et ton corps, osier allumé, lune, bronze et feu s'est planté devant mes yeux tel un petit taureau noir. Arrête, je ne veux pas te voir! Pars, je ne t'aime pas! L'air de la chambre tremblait en te remembrant. Cent chevaux dans mes veines, au galop dans tout mon corps; et moi, cavalier sans rênes, luttant pour les contenir. Cent forgerons dans ma bouche, travaillant mes baisers, et moi voulant être forge pour pouvoir les anéantir. Cent voix dans ma gorge criant combien je t'aime, et moi, mensonge infinie!, criant je ne t'aime pas. Je suis sorti chercher de l'air au balcon... je suis tombé sur le ciel; ce ciel calme et profond, vert, blanc, bleu et noir, le même de cette nuit là celle de notre rencontre, quand m'ont blésé tes cinq petits taureaux noirs. Et je me suis rappelé de l'air qui jouait avec tes cheveux comme un enfant qui aime les petits escargots noirs. Et je me suis rappelé du rayon de lune, fin et toréador, qui plantait des banderoles de lumière dans tes yeux noirs. Et de la douleur dans les lèvres qui restait après ce baiser là, et de la douleur dans les bras, et de la douleur dans les os et de ce coquillage d'amour, qui me restait dedans avec un océan d'amour endormi; "que je t'aime!, que je t'aime!" et j'ai perdu ma voix... j'ai crié: "je t'aime!, je t'aime!" Et j’ai arrête de coller ma bouche contre la chaux de ma prison, et j'ai arrêté de mordre mon oreiller pour retenir mon baiser, et j'ai arrêté de griffer ma chair de tentation et désir. J'ai collé ma bouche contre ta bouche, j'ai joint mon baiser à ton baiser, et encore cette douleur de taille, bras et os... en pensant à la nuit de notre première rencontre. Je t'ai toujours aimé! Toujours! Je t'aime toujours! Je t'aime! Même si je ne peux pas, je t'aime! Même si je ne dois pas, je t'aime! Même si dans les berceaux de ton foyer se balance un amandier je t'aime! Même à mon cou sont suspendus deux lys, je t'aime! même si je mets des barrières de mûrier et de sarment pour les empêcher de sauter tes cinq petits taureaux noirs: petit taureau noir tes yeux, petit taureau noir tes cheveux, petit taureau noir ta bouche, petit taureau noir ton baiser, et le plus noir des cinq ton corps, petit taureaux noir. Je t'ai toujours aimé! Toujours! Je t'aime toujours! Je t'aime! |