La poesía es la única compañera. Acostúmbrate a sus cuchillos que es la única (Raúl Gómez Jattin)

22 febrero 2013

Soneto XI - Pablo Neruda (Chile 1904 - 1973) - Sonnet XI

Tengo hambre de tu boca, de tu voz, de tu pelo

Je veux faire avec toi ce que le printemps fait avec les cerises

y por las calles voy sin nutrirme, callado,

no me sostiene el pan, el alba me desquicia,

busco el sonido líquido de tus pies en el día.



Estoy hambriento de tu risa resbalada,

de tus manos color de furioso granero,

tengo hambre de la pálida piedra de tus uñas,

quiero comer tu piel como una intacta almendra. 



Quiero comer el rayo quemado en tu hermosura,

la nariz soberana del arrogante rostro,

quiero comer la sombra fugaz de tus pestañas

y hambriento vengo y voy olfateando el crepúsculo

buscándote, buscando tu corazón caliente

como un puma en la soledad de Quitratúe.



J'ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche, 
affamé je vais par les rues, et je me tais,
sans le soutien du pain, et dès l'aube hors de moi
je cherche dans le jour le bruit d'eau de tes pas.

Je suis affamé de ton rire de cascade,
et de tes mains couleur de grenier furieux,
oui, j'ai faim de la pâle pierre de tes ongles,
je veux manger ta peau comme une amande intacte.

Je veux manger le rayon, détruit au feu de ta beauté,
je veux manger le nez maître du fier visage,
je veux manger l'ombre fugace de tes cils.

J'ai faim, je vais, je viens, flairant le crépuscule
et je te cherche, et je cherche ton cœur brûlant
comme un puma dans le désert de Quitratùe.