La poesía es la única compañera. Acostúmbrate a sus cuchillos que es la única (Raúl Gómez Jattin)

19 agosto 2013

La llama doble (extracto) - (Octavio Paz México, 1914-1998) - La flamme double


Vivian Maier - Out of the shadows
El encuentro erótico comienza con la visión del cuerpo deseado. 
Vestido o desnudo, el cuerpo es una presencia: una forma que, por un instante, es todas las formas del mundo. Apenas abrazamos esa forma, dejamos de percibirla como presencia y la asimos como una materia concreta, palpable, que cabe en nuestros brazos y que, no obstante, es ilimitada. 
Al abrazar a la presencia, dejamos de verla y ella misma deja de ser presencia. 
Dispersión del cuerpo deseado: vemos sólo unos ojos que nos miran, una garganta iluminada por la luz de una lámpara y pronto vuelta a la noche, el brillo de un muslo, la sombra que desciende del ombligo al sexo. Cada uno de estos fragmentos ve por sí solo pero alude a la totalidad del cuerpo. 
Ese cuerpo que, de pronto, se ha vuelto infinito. 
El cuerpo de mi pareja deja de ser una forma y se convierte en una substancia informe e inmensa en la que, al mismo tiempo, me pierdo y me recobro...  

La rencontre érotique commence avec un regard posé sur le corps désiré. Habillé ou nu, le corps est une présence: une forme qui, le temps d'un instant, contient toutes les formes du monde. 
A partir du moment où l'on embrasse cette forme, nous cessons de l'apercevoir comme une présence pour la saisir comme une matière concrète, palpable, qui rentre dans nos bras mais qui, cependant, reste illimitée. 
En embrassant cette présence, nous ne la voyons plus et elle même n'est plus présente.
Dispersion du corps désiré: on voit seulement les yeux qui nous regardent; une gorge tantôt illuminée par la lumière artificielle tantôt retournant à l'obscurité; la lueur de la cuisse; l'ombre qui descend du nombril au sexe. Chacun de ces fragments est vu par lui-même, mais se réfère à l'ensemble du corps. 
Ce corps soudainement devenu infini.
Le corps de mon partenaire cesse d'être une forme et devient une substance immense et sans forme dans laquelle je me perds et, en même temps, je me retrouve...