La poesía es la única compañera. Acostúmbrate a sus cuchillos que es la única (Raúl Gómez Jattin)

09 julio 2014

Samarcande (extraît) - Amin Maalouf (Líbano 1949) - Samarcanda (extracto)

Duane Michals


























Combien crois-tu qu'il y ait dans cette ville, à cet instant, d'amants qui, comme nous, se rejoignent?
C'est Djahane qui chuchote, espiègle. Omar ajuste doctement sa calotte du soir, il gonfle ses joues et sa voix.

- Voyons la chose de près: si nous excluons les épouses qui s'ennuient, les esclaves qui obéissent, les filles de rues qui se vendent ou se louent, les vierges qui soupirent, combien des femmes reste-y-il, combien d'amantes rejoindront cette nuit l'homme qu'elles ont choisi?

Semblablement, combien d'hommes dorment auprès d'une femme qu'ils aiment, d'une femme surtout qui se donne à eux pour une autre raison que celle de ne pas pouvoir faire autrement? Qui sait, peut être qu'il n'y a-t-il qu'une amante, cette nuit, à Samarcande, peut être n'y a-t-il qu'un amant. 

Pourquoi toi, pourquoi moi , diras-tu? 

Parce que Dieux nous a faits amoureux comme il a fait certaines fleurs vénéneuses.

Il rit, elle laisse couler des larmes.

- Rentrons et fermons la porte, on pourrait entendre notre bonheur.


Duane Michals
- ¿Cuántos amantes crees que, como nosotros, se encuentran en esta ciudad en este momento?

Es Djahane quien susurra, juguetona. Omar se ajusta sabiamente su capucha de noche e hincha sus mejillas y su voz.

- Veamos: si excluimos a las esposas aburridas, a las esclavas que obedecen, a las niñas de la calle que se venden o se alquilan y a las vírgenes que suspiran, ¿cuantas las mujeres quedan? ¿cuántas de éstas, amantes, se unen esta noche con el hombre que ellas mismas han elegido?
Del mismo modo, ¿cuántos hombres duermen con una mujer que aman, sobre todo con una mujer que se les entrega por una razón que no sea la de no tener otra alternativa?

Quién sabe, quizás sólo hay una amante de esta noche en Samarkand y quizás sólo hay un amante.

¿Por qué tú, por qué yo? te preguntarás. 
Porque dios nos hizo amantes de la misma manera que hizo algunas flores venenosas.

Él ríe, ella deja correr las lágrimas.

- Vamos a casa y cerremos la puerta, alguien podría escuchar nuestra felicidad.


(Dialogue entre la poètesse Djahane et le savant Omar Khayyam 
Diálogo entre la poeta Djahane y el erudito Omar Khayyam)


Duane Michals - La anunciación